des photos d’EEI dans leur véritable environnement, tels qu’ils avaient découverts dans le cadre des opérations de dépollution, ont été présentées au cours de séances d’EREE, tout en précisant qu’il ne s’agissait que de quelques exemples. Cette façon de procéder comporte néanmoins des risques, comme indiqué dans le projet de Note technique pour l’action contre les mines (NTAM) consacrée à l’éducation aux risques des EEI 58 (version 1.0 de juin 2018) : Ces dernières années, l’un des contenants les plus fréquemment utilisés pour la fabrication d’EEI consiste en un simple récipient en plastique connu en anglais sous le nom de « yellow palm oil container » (bidon jaune d’ huile de palme). Ces récipients sont si courants que certains formateurs en détection et neutralisation les désignent à l’aide de leur acronyme, «YPOC». Il n’en demeure pas moins que, quel que soit le nombre de ces contenants servant à dissimuler des EEI, la plupart d’entre eux ne sont pas piégés, et il est communément admis que les possibilités sont infinies s’agissant du mode de conception des EEI et du choix des contenants. Par conséquent, il est souvent sans intérêt de montrer de multiples images de récipients susceptibles de contenir des EEI. En outre, cette façon de procéder peut se révéler contre-productive en provoquant une multitude de fausses alertes ou en entamant la crédibilité des supports utilisés dans le cadre de l’éducation au risque. De surcroît, les EEI évoluent à une telle vitesse que même dans l’ hypothèse où une campagne d’affichage sur l’éducation au risque représenterait fidèlement un YPOC (à titre d’exemple) en expliquant qu’ il s’agissait du principal contenant utilisé dans le cadre de telle ou telle campagne d’attentats, les fabricants d’EEI auraient tôt fait d’opter pour un autre type de contenant, rendant aussitôt caduque la campagne d’affichage initiale. Dans les pays en proie à des conflits armés, on craint également que les supports pédagogiques contenant des images détaillées d’engins explosifs improvisés associés à telle ou telle partie au conflit n’expose les bénéficiaires et/ou les praticiens de l’EREE à des risques de représailles. Malgré ces préoccupations, les réponses au questionnaire envoyé dans le cadre de la présente étude montrent que le débat est loin d’être clos et qu’il n’y a pas de solution universelle. Si plusieurs participants à l’étude ont ouvertement mis en doute l’efficacité ou l’éthique/ la prise en compte des caractéristiques du conflit dans la diffusion d’images d’EEI, peu d’entre eux ont indiqué avoir adopté une politique claire en la matière. 59 En fait, plusieurs des documents remis au GICHD dans le cadre de l’étude faisaient apparaître des images de mise en garde montrant des objets du quotidien comme des ours en peluche ou des bidons jaunes semblables à ceux mentionnés plus haut. Au-delà des anecdotes qui circulent, les auteurs n’ont pas trouvé d’éléments probants (sous forme de chiffres, d’études ou même d’exemples) permettant de recommander ou de déconseiller l’utilisation d’images d’EEI.
56 | Chapitre 2
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